Ce glossaire reprend les seuls termes qui ont un sens particulier dans le domaine des machines à composer. Pour des glossaires plus généraux sur la typographie, voir la page Wikipédia, un lexique sur le site de David Carella, celui de l’Atelier Perrousseaux. Et pour aller plus loin, l’ouvrage Glossaire typographique, d’Émile Chautard (éd. Plein Chant, 2021, 192 p.).
Anneau-espace. – Nom donné au dispositif justifiant sur la machine Typograph. (V. espace-bande.) L’anneau-espace est formé de deux ailes distinctes, l’une, munie d’un pied, est fixe, et l’autre pivotant plus ou moins sur son axe quadrangulaire, et pouvant faire de 2 à 7 points environ, vient assurer la justification de la ligne.
Cadratin. – Petit morceau de plomb, plus bas que les caractères imprimables, utilisé pour combler les lignes composées en caractères mobiles, et de section carrée (donc d’une largeur égale au corps).
Cadratinage. – Opération consistant à compléter une ligne courte (appuyée à gauche, à droite, ou centrée) par des « cadrats » (blocs de plomb de la hauteur des espaces, de largeur variée).
Casse. – Boîte plate divisée en compartiments (« cassetins ») dans lesquels sont rangés les caractères que le typographe prend pour composer (dans le procédé dit « composition manuelle »).
Cassetin. – Dans une casse, chaque compartiment contenant une sorte de lettres.
Composition. – Opération consistant à assembler les différents éléments de la « forme imprimante », en typographie. Elle peut être manuelle (les caractères sont saisis un par un par l’ouvrier), ou mécanique (assurée par une machine commandée par un clavier ou un autre dispositif). Le terme est toujours utilisé dans les ateliers modernes de « prépresse » pour désigner la mise en forme d’un texte quelconque pour obtenir les pages destinées à l’impression, quel qu’en soit le procédé.
Composteur. – Réglette métallique, en forme de cornière, dans laquelle le typographe assemble les caractères qu’il a « levés » dans la casse. Dans les machines à composer, le terme est utilisé pour désigner le dispositif dans lequel s’assemblent les lettres (ou les matrices, sur les machines à lignes-blocs).
Cran. – Entaille ménagée sur le pied des caractères fondus. Dans les machines à composer, les crans sont en général destinés à assurer le tri des caractères au moment de la distribution. Dans plusieurs systèmes, leur nombre ou leur profondeur provoquent une fragilité critique des caractères. V. Empire, Thorne.
Distribution. – Opération visant à trier et ranger, après l’impression, les caractères composés, pour un usage ultérieur. Peut être exécutée à la main ou à l’aide d’une machine. Les systèmes fondant les caractères séparés ou par ligne au cours de la composition ne nécessitent pas de distribution. Certains ateliers ayant installé des machines à composer du type « piano à caractères » utilisaient des caractères fondus sur place pour alimenter les « magasins » et éviter ainsi la distribution. V. Kastenbein, Wicks.
Espace. – En typographie, désigne la ou les lamelles de plomb disposées entre les mots composés, pour les séparer et assurer la justification de la ligne (mot du genre féminin dans cette acception). Leur hauteur est inférieure à celle des caractères. Dans les systèmes mécaniques, divers procédés (à ressorts, ou en coin, v. espacebande) ont été mis au point.
Espace-bande. – Dispositif permettant la justification des lignes sur les machines de type Linotype. Se compose de deux pièces en forme de coin, qui peuvent glisser l’une sur l’autre pour obtenir l’épaisseur demandée par la justification de la ligne. Juste avant la fonte, une règle d’acier vient frapper les talons des espaces-bandes pour les forcer à occuper tout l’espace résiduel laissé par les matrices des caractères. Sur la machine Typograph, ce dispositif prend le nom d’« anneau-espace ».
Fonte. – Opération consistant à couler le métal (alliage de plomb, d’antimoine et d’étain) dans un moule, fermé à une extrémité par une matrice qui porte en creux le dessin de la lettre à obtenir, pour former le caractère. Sur les machines à lignes-blocs, la fonte produit non pas un caractère mais une ligne complète. Avant l’apparition des machines à composer, des machines à fondre les caractères étaient déjà en service.
Galée. – Plateau métallique sur lequel le compositeur typographe place les lignes issues de son composteur (la composition en galée est l’étape précédant la mise en pages). Les machines à composer reprennent généralement ce terme.
Justification. – Opération consistant à écarter les mots d’une même ligne pour lui donner la largeur voulue, et obtenir ainsi des lignes égales dans une paragraphe (formant un « pavé »). En composition manuelle, l’ouvrier place entre les mots des lamelles de plomb de différentes épaisseurs, jusqu’à obtenir le calage de la ligne dans le composteur. Certaines machines à composer ne traitent pas cette opération. Les Linotypes et appareils assimilés utilisent des systèmes à expansion (v. espaces-bandes), les Monotypes additionnent les valeurs de chaque lettre, à partir d’un système d’unités, puis calculent le nombre d’unités à ajouter entre chaque mot. Le blanc nécessaire est obtenu sur la fondeuse d’une seule pièce.
Labeur. – Travaux d’imprimerie ne rentrant pas dans la catégorie « presse » (par ex. impression de livres).
Ligne-bloc. – Dans les machines de la famille Linotype, désigne le parallélépipède fondu par la machine à partir de la ligne de matrices assemblées dans le composteur. La fonte d’une ligne complète permet de traiter facilement la justification, et facilite la manipulation de la composition. En revanche, les corrections nécessitent de recomposer une ou plusieurs lignes.
Machine à composer. – Nom générique pour toute machine permettant de faciliter, d’accélérer ou d’automatiser l’opération de composition typographique.
Machine à distribuer. – Appareil permettant d’automatiser ou de faciliter la distribution.
Machine à justifier. – Appareil permettant d’accélérer ou de simplifier le travail de justification. V. Desjardins.
Matrice. – Bloc de métal tendre (en général du laiton), dans lequel le poinçon a laissé l’empreinte de la lettre. C’est dans cette empreinte que se formera l’œil de la lettre au cours de la fonte.
Photolithographie. Procédé d’impression utilisant une pierre lithographique, sur laquelle un couche sensible à la lumière, exposée à travers un film photographique, crée une forme d’imprimante sans relief, mais où les zones à imprimer retiennent l’encre grasse. Ce système, adapté aux plaques de zinc, donna naissance à l’offset. Il inspira les premières recherches sur des machines à composer non typographiques : par exemple les appareils de E. Pozzelt (1895), de Friese-Creene, la Photoline de Dulton.
Phototypie. – Procédé d’impression utilisant une forme imprimante en gélatine bichromatée, exposée à travers un négatif photographique. Les zones ayant reçu la lumière retiennent l’encre grasse, les zones masquées, humides, repoussent l’encre. Voir plus de détails sur le site phototypie.fr. Ce procédé fut mis au point au milieu du xixe siècle, en même temps que la photolithographie.
Rang. – Meubles dans lequel sont rangées les casses. La partie supérieure, en forme de pupitre, supporte la casse en service. L’ouvrier typographe se tient debout devant le rang pour travailler. V. Lagerman.
Stéréotypie. – Procédé dans lequel on fait une empreinte d’une composition (flan), dans laquelle on coulera un alliage de plomb pour obtenir une composition identique. Ce système, mis au point pour permettre de tirer sur plusieurs presses la même composition, donna des idées aux inventeurs de machines à composer.
Typographie. – Procédé d’impression utilisant des caractères ou des gravures en relief. Jusqu’à l’apparition de la lithographie puis de l’offset, c’est la seule façon d’imprimer utilisée pour les textes et la plupart des illustrations.