Kastenbein

Kastenbein

1871.

Charles Kastenbein, de Cassel (Allemagne), met au point son invention à Paris, entre 1866 et 18701. Après la guerre il récupère à Londres sa machine malmenée par un voyage de plusieurs mois. Il s’établit alors à Bruxelles et présente enfin son invention à Londres, à l’exposition internationale de 1872. A cette date, elle est déjà installée au Times et dans d’autres imprimeries d’Europe et d’Amérique.

Machine à composer Kastenbein

Une première machine à composer, qui utilise des caractères classiques, fonctionne avec des touches qui déclenchent la descente des lettres contenues dans les canaux verticaux. Deux « magasins » sont prévus, pour traiter également les caractères italiques. Il faut alors actionner les touches du deuxième clavier, placé à mi-hauteur. Les lettres tombent dans le dispositif triangulaire, appelé « bouclier », en cuivre, fermé devant par une vitre qui permet de suivre le bon cheminement des caractères. Ceux-ci sont poussés, par un mécanisme mû par la pédale, vers la galée à justifier, en bas à droite. Le « justifieur », qui opère des deux mains, se trouve en vis-à-vis du compositeur.

Machine à distribuer Kastenbein

La machine à distribuer « avait l’inconvénient grave de casser à peu près la moitié des lettres que l’on distribuait », d’après A. Tolmer… Et il en fallait deux, ou trois, pour alimenter une machine à composer. L’appareil présente les lettres une à une à l’ouvrier, qui appuie sur la touche correspondante, pour envoyer la lettre, via un « bouclier » semblable à celui de la machine à composer, mais à l’envers, dans des gouttières inclinées. Certains ateliers ont fait fonctionner tant bien que mal ces « distributeuses ». D’autres, par exemple le Times, ont choisi, de façon plus expéditive, d’envoyer à la fonte les caractères à distribuer et d’alimenter la machine en caractères neufs. Troisième solution, adoptée par C. Ferslew et Cie à Copenhague, qui utilisait 9 machines à composer : installer une machine à distribuer provenant d’un autre constructeur, en l’occurrence celle de MM. Fischer et Langen…

En dehors du Times, où 5 de ses machines avaient pris la place de celles de A. Mackie et fonctionnèrent pendant plusieurs années, et des ateliers danois Ferslew, l’agence Havas installa en 1877 5 autres machines Kastenbein ; également l’imprimerie de Christian Union, à New York, l’imprimerie Clows & Son, à Londres ; et à Bruxelles, Pau, etc.

Salle des machines à composer Kastenbein, imprimerie Ferslew, Copenhague, 1881

A l’agence Havas, on indiquait un rendement de 5 à 6 000 lettres par heure, puis, quelques années plus tard, 4 500. Ainsi, compte tenu du personnel employé pour les 5 machines (5 compositeurs, 5 justificateurs, 6 distributeurs, 1 distributeur d’espaces, 1 remplisseur – des femmes pour la plupart), on obtient une cadence horaire de 1 400 lettres.

Clavier de la composeuse Kastenbein (in Legros et Grant)

Cette machine simple, solide, mais sans innovation technique, fut desservie par son système de distribution. En 1899, on signale encore « quelques spécimens, enfouis sous la poussière, dans les greniers des bric-à-brac de la rue de Lappe »…

La machine figure sur le site Metal Type.

Très belle photo sur le site d’un professeur de l’Université Columbia, prise dans le Deutsches Museum à Munich.

Machine à composer Kastenbein

Réf. : L’Imprimerie, mars et avril 1875.
La Typologie-Tucker, 1882.

  1. Pour la petite histoire, cette machine serait en fait l’invention d’un typographe allemand souffrant d’une affection pulmonaire qui, avant de mourir, aurait communiqué ses plans à Kastenbein, qui a ensuite réussi à concevoir la machine sur la base des informations qu’il avait reçues. ↩︎