Linotype
1884.
Nous ne donnerons pas de description complète de cette machine, suffisamment connue et encore utilisée de par le monde. On pourra se reporter à la page Wikipédia, ou au site Metal Type.
Revenons cependant rapidement sur l’histoire de cette invention.
En 1867, l’inventeur Charles Moore présentait à Washington une machine à composer où les caractères, disposés autour d’un cylindre, venaient s’imprimer sur une bande de papier. L’encre lithographique utilisée permettait le report sur pierre pour le tirage. Deux personnes, J. Clephane et A. Devinne, passionnées par l’invention, cherchent un mécanicien pour mettre au point une telle machine. Ottmar Mergenthaler entre alors en scène (en 1876).
Dans une première étape (machine à bande n° 1), les poinçons réunis en ligne sont frappés sur une matière plastique pour obtenir une empreinte.
On coulait ensuite du plomb dans les moules ainsi constitués. La ligne-bloc, qui devait faire le succès d’O. Mergenthaler, venait d’apparaître.
La « machine à bandes » (n° 2), qui résulta de ces recherches, ne fut jamais commercialisée. Les matrices étaient poinçonnées sur les bords d’une série de bandes de cuivre, dont l’épaisseur variait d’une extrémité à l’autre, pour correspondre aux différentes largeurs de lettres, et chaque bande contenait un alphabet complet. Les bandes, suspendues dans la machine, tombaient à l’appel des touches du clavier, et s’arrêtaient dans leur chute au niveau de la lettre voulue. Les lignes étaient justifiées au moyen d’espaces à ressort compressible. La ligne-bloc était alors fondue, avec une qualité bien supérieure à celle du système précédent qui utilisait un clichage dans une matière plastique.
La machine à bandes laissa la place au modèle « Blower Linotype » (appelée également « Blower Typs »), dans lequel les matrices sont isolées (une par caractère) et transportées du bas du magasin jusqu’au composteur par une soufflerie, d’où son nom.
Ce modèle fut mis dans le commerce à New York en 1886, introduit en Angleterre vers 1889 et présenté à Paris à l’Exposition universelle cette même année. Le clavier de ces machines était dur à manipuler, et l’action de l’air comprimé quelque peu aléatoire… La principale modification fut donc de supprimer la soufflerie (le magasin prend alors la position inclinée) et la mise au point du système de distribution actuel par matrices crantées.
Le terme « linotype » désigna au début la ligne-bloc, puis très vite la machine elle-même.
En 1892, la « Linotype n° 1 » quitte les Etats-Unis vers l’Angleterre, et il faudra attendre sept ans pour qu’elle arrive en France.
La Revue suisse de l’imprimerie, en 1927, résume ainsi la généalogie de la Linotype:
« Les grandes étapes […] sont : la première, une machine à imprimer typo-lithographique; la seconde, une machine à fondre des lignes-blocs dans des matrices en matière plastique, obtenues au moyen de poinçons composés et justifiés; la troisième, une machine à composer des bandes de matrices à fondre des lignes-blocs une à une; la quatrième, une machine fondant des lignes-blocs dans une matrice de ligne, formée de matrices isolées, composées et justifiées; la cinquième, la Linotype n° 1 […] viennent ensuite : la machine à magasin léger; l’innovation si importante de la distribution multiple qui permet […] l’emploi de plusieurs œils dans la même ligne et leur triage automatique; puis les Linotypes à magasins auxiliaires; enfin, la dernière merveille, la Linotype n° 24, qui met à la disposition de l’opérateur 8 magasins actionnés par 2 claviers […]. »
La Linotype et son système de « ligne-bloc » fut concurrencée, dès le début, par plusieurs autres machines. Citons la (ou le) Typograph, La Linograph, la Monoline, l’Intertype, la Standard Compositor, la Victorline, la Stringertype. Voir aussi la Linotype junior.
Le site américain linotype.org donne une description détaillée des différents modèles de Linotypes, des renseignements bibliographiques et des liens.
Réf. : La Typologie-Tucker, nov. 1889, avril 1891.
Revue suisse de l’imprimerie, août 1927.
La Nature, oct. 1893.
L’Intermédiaire des imprimeurs, 1906.
Maurice Gouilloud, Essai historique sur les machines à composer, 1910.