Expo 1855

Exposition universelle de 1855, Paris

Machine Sørensen

La machine du Danois Sørensen est remarquée à cette occasion. Elle obtient même une médaille d’or, que l’empereur Napoléon III lui remet en personne. Sa machine avait déjà été présentée à l’Exposition universelle de Londres en 1851.

Voici un commentaire enthousiaste (mais qui n’est pas dû à un professionnel…) dans la presse de l’époque1 : « Il n’est personne qui ne se soit arrêté avec une admiration enthousiaste devant le compositeur-distributeur mécanique de M. Sorensen et ne l’ait proclamé une des merveilles de l’Exposition universelle. […] Un homme intelligent et un aide suffisent pour faire manœuvrer la machine, distribuer, composer, justifier et mettre en page, tout ce travail se fait aussi vite que si on écrivait sous la dictée ordinaire de quelqu’un. »

Façade du Palais de l’Industrie. Photographie de Pierre Emonds (musée Carnavalet)

Machine Delcambre

Deux machines Delcambre figuraient à cette exposition, l’une de M. Adrien Delcambre (Paris), l’autre de M. H. Delcambre (Bruxelles). Il semble bien qu’il s’agisse de deux exemplaires du même appareil.
Un rapport fait par Henry Madinier, typographe, dans Notes sur les principaux produits exposés de l’imprimerie2, est plutôt sévère sur ces machines.
« […] Le piano-type est resté tel que nous l’avons vu il y a quinze ans. Les métaux polis, les dorures ont pu le rendre plus riche, plus élégant, mais non pas plus utile. […] nous avons entendu plus d’une fois les exclamations d’une foule émerveillée à la vue de cette ingénieuse machine […] La petite sonnette destinée à prévenir que le composteur est rempli avait surtout un succès prodigieux… […] Aux hommes du métier, en effet, on ne pourra céler aucun de ces désavantages que n’aperçoit point l’ignorant. […] le piano-type est toujours, comme le disait M. A. Firmin-Didot, en 1851, “une ingénieuse machine, mais qui offre tant de difficultés dans l’application qu’elle n’a eu, jusqu’à présent, aucun résultat pratique”. »
H. Madinier était moins critique vis-à-vis de la machine Sørensen, lui reprochant cependant sa complexité, et les nombreux crénages sur chaque lettre (nécessités par le système distribution) qui fragilisaient les caractères, en particulier sur les petits corps. Et il conclut son exposé ainsi : « deux opérations bien distinctes constituent la composition : la levée de la lettre, puis la justification. La première opération n’est que machinale, le piano-type la remplit aisément […] ; mais la justification est un acte tout intelligent, que n’accomplira jamais aucune machine »…

  1. Cosmos, revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des sciences, 9 novembre 1855. ↩︎
  2. Paul Dupont, Paris, 1855. ↩︎